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Journal d'une adolescente des annees soixante
24 juillet 2011

8-10 avril 1960

 

Vendredi, le 8 avril 1960.

 

J’ai été très gaie aujourd’hui. Apres 4 heures je suis allée m’acheter une jupe en Terlenka.

Toute la journée je pense: «Quand je serai au pensionnat…», et la plupart des phrases commencent ainsi.

Je n’ai pas beaucoup à te raconter, sinon qu’on a eu une visite de radioscopie, un petit changement dans la vie de tous les jours.

Plus qu’une semaine et on sera à Pâques. A la radio on n’entend que ça: des jeux et des histoires autour de Pâques. Dimanche il y aura un carnaval ici, composé de groupes venant de partout. Nous pensons y aller et nous amuser.

Julie.

 

Samedi, le 9 avril 1960.

 

Et alors, que penses-tu de mon bulletin? Le 5 sur 10 y a une belle place, Mère J-M a voulu l’y inscrire elle-même! Qu’est ce que tu crois! On aurait pu l’oublier!

Je vais te raconter encore un épisode de ma vie, comme promis. Pour la nouvelle année 1960, cette année donc, j’étais en vacances chez ma marraine qui a un problème au genou et ne peut pas se déplacer. A côté de chez elle habite une vieille dame qui avait invité ses enfants pour fêter la nouvelle année. Elle avait fait cuire une dinde chez le boulanger, et je l’ai aidée à la porter. Quand on était presque arrivées chez elle quand une voiture pleine de jeunes gens nous a dépassées en klaxonnant. «Les garçons!» dit la dame, et voilà qu’ils descendent de voiture et viennent vers nous. Un des garçons, dont j’ai appris plus tard qu’il était un ami de la famille, est venu vers moi et m’a embrassée sur la joue. J’ai été très surprise, mais parce que c’était la nouvelle année, je l’ai embrassé aussi. Après lui, tous les garçons sont venus m’embrasser, et j’étais très gênée. Ma marraine a tapé à la fenêtre et a mis fin aux sottises en riant: «Et bien, vous ne pouvez pas laisser les filles tranquilles!»

Le soir ils sont tous passés et le garçon blond qui m’avait embrassée en premier me regardait souvent avec persistance.

Le lendemain, quand tout le monde était reparti, la voisine racontait que ce garçon avait dit: «J’aimerais bien revoir la fille qui m’a embrassée», puis il a ajoutée: «Sa maman est bien sévère.»

J’étais fâchée, pourquoi lui a t’on laissé croire que ma marraine était ma maman? Il allait revenir dans 15 jours, et sans doute qu’il connaît la vérité maintenant.

Je sais que ça peut te paraître insensé, mais je suis si sensible a la moindre marque d’attention, et je me fais immédiatement des idées. Je veux te raconter les petites aventures de ma vie et j’espère qu’elles ne t’ennuieront pas.

Julie.

 

 

Dimanche, le 10 avril 1960.

 

Après-midi, ma cousine T. est arrivée, et nous sommes allés voir le carnaval. Mais l’ambiance n’était pas très carnaval, et en plus il a commencé a pleuvoir.

Nous venons de rentrer du cinéma, et nous avons vu un très beau film «La Violetera». Deux personnes qui doivent se quitter malgré leur grand amour, mais qui gardent espoir et à la fin ils connaissent le grand bonheur.

Moi aussi j’espère connaître l’amour, et l’aurai-je un jour? J’aspire à voir le jour où je pourrai dire de tout mon cœur à quelqu’un que je l’aime. Oh, est-ce que ça va durer longtemps? Je sais que je ne suis qu’une adolescente de 14 ans, mais mon cœur est celui d’une femme adulte. J’aspire à l’amour, l’amour pur et intérieur. Quand pourrai-je enfin poser la tête sur une épaule protectrice?

Julie

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