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Journal d'une adolescente des annees soixante
17 juillet 2011

20-21 mars 1960

 

Dimanche, le 20 mars 1960

Voici tout d’abord la suite de mon aventure.

Quand la dame a déposé son téléphone, j’ai redit ma plainte.

-         Que voulez-vous que je fasse?

J’ai haussé les épaules, qu’est-ce que j’en savais!. Si j’avais su moi-même, je n’aurais rien demandé. Elle a téléphoné à un monsieur qui enverrait ma sœur dans ce bureau s’il la voyait. Le téléphone n’arrêtait pas de sonner, et la dame avait souvent deux cornets en main. Apres avoir attendu une demi-heure, qui m’a parue très longue, j’ai décidé de rentrer a la maison. Et voilà que juste à ce moment la ma sœur se dirige vers moi. Quel soulagement! J’étais presque au bord des larmes. Nous sommes vite rentrées à la maison, et nous n’avons rien dit aux parents

Je suis ici dans ma chambre, c'est-à-dire notre chambre. Une très grande pièce a été divisée en deux par un grand meuble. Mon frère dort d’un côté, et ma sœur et moi partageons un grand lit. De mon côté du lit, il y a une table de camping rouge qu’il faut replier chaque weekend pendant l’été. J’y ai mes livres scolaires et quelques romans, ainsi qu’une lampe de bureau.

Nous avons congé jusqu'à mercredi, car nous venons de terminer les examens. Me voici donc avec la frousse, car je ne sais pas ce que je vais avoir comme résultat.

Julie.

Voilà que je suis remontée dans ma chambre pour écrire dans mon Journal. Je ne parviens pas à t’oublier, cher Journal. Nous venons de manger, et je me suis enfouie. Je me sens si seule… Et pourtant, j’ai des parents qui m’aiment et que j’aime. Mais je ne peux pas me confier a eux. J’ai besoin de quelqu’un. Je le sens. Il fait noir dehors. Tu dois savoir que j’aime la nuit et la pluie. La pluie me donne l’impression d’être libre et heureuse. J’ai un grand feu qui brûle en moi. Un feu qui s’étend de jour en jour et qui est l’amour. J’ai tant d’amour et je voudrais le donner… Donner tout mon amour…

Mais oui, j’aime! J’aime tout d’abord Jésus, je l’aime comme je n’aime personne ni rien. Il occupe la plus grande place dans mon cœur, c’est à lui que je donne le plus d’amour. J’aime ensuite ma petite Maman du Ciel. Oh oui, je l’aime. Je lui parle. Quand quelque chose ne va pas, je lui prends la main car je sais qu’elle est toujours, toujours là, a côté, un peu derrière moi. Il n’y a pas si longtemps que je m’en suis aperçue.

J’aime alors mes parents, mes chers parents qui ont déjà tant souffert, aussi à cause de moi… Je les aime beaucoup et ils m’aiment beaucoup aussi. Mais je sais que mon amour pour eux est plus grand que leur amour pour moi.

J’aime d’autres personnes à qui je suis très attachée. Des personnes qui sont hélas séparées de moi. Il y a surtout monsieur D., un prêtre qui était au pensionnat l’année dernière, mon confesseur et mon guide spirituel. Il y avait au pensionnat deux sœurs aussi à qui je m’étais confiée.

J’aime… quelqu’un. Ce quelqu’un, je ne peux le déterminer car je ne le connais pas. Tu vas rire, mon Journal, mais je le sais. Je suis par exemple seule dans une pièce vide, sans personne, sans objet. Et je sais que j’aime une personne qui pourrait être là. J’aime un inconnu. Un jour, Dieu me révélera qui est cet inconnu. Entre-temps je l’aime déjà.

J’aime aussi mon frère, ma sœur, mes oncles et tantes, mes cousins et cousines, mes amies, toutes les personnes que je connais ainsi que les personnes que je ne connais pas. Car j’aime tout le monde.

Je voudrais prier souvent, beaucoup, mais j’ai tellement peur que quelqu’un me surprenne. Je sais cependant que chaque parole et chaque action sont une prière. Aussi, je me console.

Je vais redescendre car j’ai peur qu’ils ne s’inquiètent en bas et ne viennent voir.

Julie.

 

Lundi, le 21 mars 1960.

 

Je n’écrirai pas beaucoup aujourd’hui car je suis très fatiguée. Je ne désire qu’une chose, c’est d’aller dormir, ce que je vais faire dans un instant. Je suis assise sur le bord du lit dans ma robe de nuit. Ma sœur et moi sommes encore allées en ville aujourd’hui, à pied. J’ai mal aux pieds ainsi qu’à l’épaule à cause du sac que j’avais à porter.

Pendant le dîner, papa a dit: «Je pense que Julie a maigri, elle a une petite mine». Je sais que c’est vrai, je mange moins

Apres le repas, j’ai écrit une lettre à Gizy, une amie d’enfance. J’y ai joint une carte, car c’est son anniversaire le 23. J’ai aussi joint une petite photo de moi, comme elle avait demandé.

Quand je t’écris, cher Journal, j’oublie que je suis fatiguée. Je suis tellement heureuse de pouvoir tout te dire. Ma sœur a commencé un journal aujourd’hui.

Cher Journal, je t’aime tu sais! Je te donne beaucoup d’amour.  Je pensais ne rien écrire aujourd’hui, mais le fait de t’écrire me rend heureuse. Je te remercie pour le bonheur que tu me donnes, je me sens si souvent seule et triste. Tu seras toujours une grande consolation pour moi.

Julie.

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